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Ce matin, dimanche 22 septembre, je me suis rendu au domaine René DURAND à Comblanchien, à la rencontre des vendangeurs, et de toute cette activité qui en découle, durant cette période un peu surexcitée.

René DURAND, 54 ans, vigneron dans l’âme, est à la tête d’un domaine de 12 hectares. Il a succédé à son père, Alexis, dit "Sissis" à qui l’on fait un petit clin d’œil ! En effet, depuis deux ou trois ans, Alexis et son épouse Renée séjournent dans une maison de retraite, et c’est avec un gros pincement au cœur, qu’ Alexis a dû s’éloigner lentement du métier, mais la vie est ainsi ! Avec plein d’émotion dans la voix René dit : « J’avais envie d’aller le chercher pour ces vendanges, mais j’ai eu peur de lui faire mal au cœur ! »

Les vins produits sur le domaine portent l’appellation Côtes de Beaune Villages, Aloxe-Corton, et Corton Rognets Grand cru, le fleuron de la Côte de Beaune ! L’appellation Côtes de Nuits Villages produite sur le territoire de Comblanchien est issue, principalement des meilleurs climats de la commune: Vaucrains, Grand’Vignes, Saint-Seine, Essarts et Damoda. Ces vins rouges sont issus du cépage Pinot noir à jus blanc, cépage unique en Côte de Beaune et de Nuits.

En ce début de matinée, lorsqu’on approche de la propriété, un délicieux fumet vient flatter les narines ! C’est Daniel, le cuisinier qui mijote une blanquette de veau, elle sera accompagnée de riz et précédée d’une salade verte. :« Je sers 80 repas par jour » s’écrie Daniel. Il est aidé dans sa tâche par Nicole et Josiane pour le service et la vaisselle. En effet, de nos jours, le personnel n’étant plus local, la nourriture et le logement des vendangeurs s’imposent.

A la cuverie, René se laisse aller à quelques commentaires : « Les raisins sont archimûrs, on aurait dû commencer plus tôt ! »(en principe la réglementation impose un ban de vendanges qui a été fixé au 18 septembre ). S’inquiétant de la mise aux normes européennes de sa cuverie conçue par son père Alexis, il y a une cinquantaine d’années, il s’exclame : « Ces cuves sont émaillées, et datent de l’après-guerre ! »,sous entendant par quel matériau faudra-t-il les remplacer ? Et de vitupérer sur ces 35 heures, pour lesquelles une dérogation spéciale aurait dû être prévue pour ce travail saisonnier que sont les vendanges !

Pendant ce temps, Jacky et Sébastien tous deux de Comblanchien pigent les cuves. Plusieurs fois par jour, il faut briser le « chapeau «  qui se forme au -dessus des cuves, pour que le jus soit mélangé aux peaux. Le temps de macération est de huit à dix jours, et c’est ce qui assure une belle couleur au vin, autrement dit sa robe. Chez René Durand la vinification est traditionnelle, et réalisée à l’aide d’un pressoir pneumatique. Le millésime s’annonce excellent et de grande garde !

 

Mais voici qu’arrive la première benne de raisins. Muni d’un bigot, René tire lentement les grappes vers la gueule de l’égrappoir. Cette machine sépare les rafles des grains qui sont écrasés et véhiculés par une pompe vers les cuves de fermentation. Les rafles peuvent servir d’engrais biologique. La benne repart pour un nouveau chargement.

C’est l’heure maintenant du sacro-saint casse-croûte, accompagné du non moins sacro-saint verre de blanc ! C’est un moment de repos, de détente où fusent les blagues et rigolades en tout genre ! En s’asseyant, René fredonne un air d’autrefois : « Elle n’est pas d’aujourd’hui, celle là, cinquante ans peut être ! Oh, je n’étais pas né ! » rétorque Daniel . Tous font honneur au jambon persillé ( spécialité bourguignonne ) qui trône sur la table. On me propose de partager ce frugal mini repas, mais, n’étant pas habitué à ce genre d’agapes, je refuse gentiment.

Le temps passe, il n’est pas loin de dix heures, et j’annonce à René ma visite aux vendangeurs : « Ah oui, car cet après-midi on ne coupe pas , les 35 heures, oh, ça les repose ! » ajoute-t-il.. L’équipe de vendangeurs s’affaire aux «  Saint-Seine », l’un des meilleurs climats coincé entre « Les Retraits » et « Les Loges » et entre la Route nationale 74 et le chemin des Fourches, à quelques encâblures aussi du « Clos de la Maréchale » situé sur la commune voisine de Premeaux-Prissey. Tout au long des rangs qui n’en finissent pas, s’éparpillent, les uns accroupis, les autres courbés, trente-six coupeurs. Ils viennent du nord de la France, de l’est, de Paris, de la région bordelaise, de Beaune, et bien sûr de Comblanchien Beaucoup ont pris sur leurs congés pour participer à ce travail saisonnier .Un vendangeur de nationalité afghane est également parmi eux !

                           

 

On vendange sous un beau soleil d’arrière- saison, le pied au sec, c’est une aubaine ! Le léger vent du nord qui souffle depuis quelques jours a enrayé le début de pourriture engendré par les petites pluies et les brouillards matinaux du début du mois, et qui ont suscité quelques inquiétudes. Ce sont donc de belles grappes saines que les vendangeurs versent dans les hottes des porteurs, qui, dans un ballet incessant vont déverser leur chargement dans la benne qui attend au bas de la vigne.

Sur la route nationale toute proche, des touristes avides de souvenirs, s’arrêtent pour immortaliser ce moment mythique

 

A l’heure où j’écris ces lignes, ce grand rendez-vous vineux est terminé depuis quelques jours, et les vignes vont bientôt revêtir leur parure d’automne pourpre et or. On va s’activer dans les cuveries pour tirer les cuves, presser ces grappes mûries cette année sous un soleil généreux, et produire ce nectar le « Côtes de Nuits Villages », qui, avec la pierre de Comblanchien font la renommée du village…. A l’année prochaine !

Jk Cortot .